Interview avec l’association « Au cœur des Grottes »

24 Nov. 2020

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Un entretien avec la directrice de l’association « Au cœur des grottes », Daria Clay et la directrice adjointe Claire Dal Busco qui nous présentent la nouvelle organisation et les buts de cette organisation.

Décrivez-nous en quelques phrases en quoi consiste votre activité.

Fondation Au Cœur des Grottes accueille et accompagne les femmes victimes de violences ou de traite des êtres humains, accompagnées ou non de leurs enfants. 40 femmes ainsi que 30 à 35 enfants sont ainsi accueillis dans nos trois foyers à Genève.

Pour une prise en charge holistique des femmes et enfants accueillis, le Cœur des Grottes base son accompagnement sur six axes forts : la prévention et sensibilisation contre la traite des êtres humains, l’accompagnement social, l’accompagnement professionnel, l’accompagnement à l’enfance, l’accompagnement de la santé ainsi que recherche et formation.

 

Quels sont les 3 plus grands défis que vous avez relevé et comment les avez-vous menés à bout ?

A l’image de celles et ceux qu’elle accueille, en 2019, la Fondation Au Cœur des Grottes a vécu elle aussi une période de bouleversements, nécessaire au développement de nombreuses évolutions. Tout en continuant le travail d’accompagnement en prêtant un soin particulier aux femmes et enfants accueillis, le Cœur des Grottes est amené à faire évoluer son organisation, ses prestations ainsi que ses contacts avec le réseau. C’est grâce aux équipes, qui se sont montrées agiles, motivées et soudées, que la fondation a d’ores et déjà pu proposer de nombreuses évolutions.

La crise sanitaire COVID-19, qui est intervenue quelques mois après l’arrivée de la nouvelle direction, a constitué un défi supplémentaire. Le semi-confinement a amené des inquiétudes, de la colère, s’est avéré facteur de tensions entre les pensionnaires et a également favorisé les ruminations en lien avec leur vécu souvent traumatique. Pour répondre aux besoins des femmes et enfants accueillis, des séjours à la montagne ont été proposés en alternance, afin de soigner leur santé mentale et physique. Accompagnateurs de montagne, professeure de yoga ou encore thérapeute spécialisée en massages étaient présentes : tout en calmant leur esprit, les femmes ont pu entamer un travail de mise en mouvement et de réappropriation de leur corps malmené et souvent mis de côté. En quelques semaines, les équipes du Cœur des Grottes se sont ainsi fortement mobilisées pour répondre aux besoins des femmes et enfants. Plus que jamais, la crise sanitaire que nous traversons nous amène à nous montrer inventif et à faire preuve d’adaptabilité. C’est dans un esprit hautement collaboratif, en intégrant les pensionnaires et les collaboratrices-teurs que le Cœur des Grottes peut traverser cette période compliquée.

 

Quelle actualité souhaitez-vous mettre en avant ?

A l’approche de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le Cœur des Grottes a lancé son nouveau site internet.

Ce dernier permet tout d’abord aux femmes vivant de la violence d’y trouver des éléments permettant de mieux comprendre ce qu’elles vivent, mais également d’y trouver les informations nécessaires pour obtenir de l’aide. Il vise également les professionnels et toute autre personne témoin, dont le rôle est essentiel dans la détection des situations de violences ou de traite des êtres humains. Une identification précoce est en effet cruciale, non seulement pour pouvoir aider et protéger rapidement les victimes, mais aussi pour mieux poursuivre les auteurs.

En raison de la deuxième vague du COVID-19 qui nous touche actuellement et pour répondre aux nouveaux besoins émergents en termes de santé mentale et physique chez les femmes du Cœur des Grottes et plus largement à Genève, nous lançons un nouveau projet de séjour axé santé à la montagne. Pour le mettre en œuvre, le Cœur des Grottes aura besoin de ressources matérielles, humaines et financières. Le soutien de partenaires externes s’avère ainsi indispensable.

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Pour la direction :

Qu’est-ce qui vous a motivée à faire ce métier ?

Travailler au sein de la Fondation Au Cœur des Grottes, et plus particulièrement de son équipe de direction, nous amène à être actives sur des thèmes variés et à des niveaux divers. C’est avant tout le travail de proximité avec les femmes et enfants accueillis, les collaboratrices-teurs et les membres du réseau qui nous a motivé à prendre nos postes respectifs. S’engager pour le Cœur des Grottes est également une manière de lutter contre les violences faites aux femmes, une cause stimulante pour laquelle les combats à mener sont malheureusement toujours d’actualité.

Après avoir travaillé de nombreuses années à des postes divers dans des grandes structures telles que le CHUV, c’est l’opportunité de travailler directement au contact des femmes hébergées et la possibilité de mise en œuvre rapide de projets divers à partir de leurs besoins, qui ont notamment poussé Daria Clay à reprendre la direction de la Fondation il y a maintenant un peu plus d’un an. Pour Claire Dal Busco, l’accès au poste de directrice adjointe s’est fait après plusieurs années de travail au sein de l’équipe socioéducative. L’expérience acquise durant les dernières années au sein de la Fondation a permis de faire évoluer la fondation tout en veillant à conservant l’âme du lieu.

 

Qu’est-ce qui vous fait avancer dans les moments difficiles?

Les projets mis en œuvre et les évolutions proposées au sein des foyers jusqu’ici ont eu des bénéfices directs et visibles sur les femmes et enfants accueillis. Nous travaillons dans une optique collaborative avec les pensionnaires du Cœur des Grottes, et leurs avis sont régulièrement récoltés. Elles constituent ainsi le moteur de notre travail, nous amènent de la motivation dans les moments parfois plus difficiles, en nous rappelant les raisons de notre engagement et les missions qui nous animent.

 

Quel message souhaitez-vous transmettre aux témoins de violences faites aux femmes ?

Le rôle des témoins dans la détection des violences, la sensibilisation et la prise en charge des femmes qui en sont victimes est crucial. Voisin, médecin, assistant social ou encore ami : chacun a un rôle à jouer dans la lutte face aux violences faites aux femmes. En cas de doute ou de besoins de conseils, les témoins peuvent nous contacter. Nous les écouterons et leur indiquerons les démarches appropriées à effectuer.

 

Quel message souhaitez-vous transmettre aux femmes victimes de violences ?

Les femmes victimes vivant de la violence ont souvent l’impression qu’il leur est impossible de mettre un terme aux relations destructrices qu’elles vivent. Il est important de leur dire qu’il est possible de sortir de l’emprise que peuvent engendrer les violences faites aux femmes, ce n’est pas une fatalité. Nous les encourageons à rompre le silence et à nous contacter, pour reprendre le pouvoir sur leur vie.

 

Contact : Fondation Au Cœur des Grottes 022.338.24.80 (lu-ve 8h30 à 12h) info@coeur.ch, https://coeur.ch/